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Le bébé qui ne dormait pas...

Le parcours du combattant des allergies alimentaires.

Au début, on rêve, on idéalise,

et on fait confiance...

 

El Rigatoni et moi avons la réputation d’être assez vernis. Les tuiles on connait. Non pas les grosses tuiles méchantes qui annihilent tout et rendent la vie impossible.
Non juste celles assez emmerdantes pour t’empoisonner la vie à petit feu sans pour autant tout détruire sur son passage. Un cas particulier sur 1000 ? C’est nous. Un effet secondaire rarissime ? On se le paye. Une maladie pas trop grave mais assez emmerdante mais que personne ne connait, un défaut de fabrication sur un ordinateur de la marque toute blanche réputée pour ne pas avoir de défaut de fabrication ? C’est pour nous.

 

Mais malgré ça on a toujours fait preuve d’un optimisme flamboyant. On s’adapte, on avance, on fait avec. On surmonte les épreuves tant bien que mal et on s’en sort même plutôt bien.
Si j’ai envie que ça passe, ça passera. Même dans la douleur ou la galère. Et sachant que le plus important à nos yeux, c’est la nature et le temps, ben du coup on se contente de peu.

 

Et pendant la grossesse cet optimisme flamboyant s’est décuplé. Et j’ai imaginé mon bébé parfait.
Pendant 9 mois on l’imaginait, on le rêvait : angelot parfait à tendance Bébé Cadum avec option sage-comme-une-image.


Notre poisse ne PEUT PAS toucher bébé. Non, c’est interdit.

Lui, il sera PARFAIT J’AI DIT !

 

Quoi ? La majorité des bébés font pas leurs nuit ? Mais le notre dormira dès la maternité ! Oui je l’ai décidé ! Et j’y crois dur comme fer, j’en suis convaincue, et on le mérite bien quand même !

 

Et puis le gnocchi est arrivé. Avec son lot de chamboulements, sa naissance pas si parfaite, ses premiers jours compliqués, son allaitement qui a du mal à démarrer.

 

 

Le parcours du combattant commence...

 

Les premières semaines passent, il ne dort pas. Enfin si, mais il se réveille. Toutes les 2 heures. Normal, il est tout petit, encore secoué par son arrivée, on le laisse s’adapter à ce rythme, à cet environnement, à l’extérieur !
C’est un BABI, un bébé aux besoins intenses, qui ne se repose jamais. Qui ne se pose jamais. Qu’on ne peut jamais poser. Dans les bras nuits et jours. Position verticale systématique.

 

Les premiers mois s’écoulent. Il ne dort pas encore. Il se réveille toutes les 3 heures. Bon en même temps, c’est petit 3 mois faut lui laisser le temps à ce petit.

 

4 mois. On détecte d’allergie au lait de vache. Éviction. Il est plus zen, plus posé. On se dit qu’il n’était pas un BABI mais juste un bébé qui a mal. On y croit, il va dormir ! Ou pas.
On guette les 6 mois comme une étape d’un marathon, une halte, une pause. A 6 mois, il dormira, je l’ai décidé. Et s’il ne dort pas on aura LA Conversation. Vous savez, celle où l’on explique à bébé que papa maman sont fatigués et que maintenant il doit dormir.

 

6 Mois. La conversation, on l’a tous les soirs, mais le gnocchi semble frappé de surdité sélective quand il s’agit de parler des besoins des parents fatigués. Soit. Soyons patients.
Il ne dort pas plus de 4h d’affilée. Parfois plus en première partie de nuit mais dès minuit, il se réveille toutes les 2 heures.
On commence à se poser des questions, peut-être que quelque chose le gène ? L’empêche de dormir ? On commence doucement à chercher, tester. Avec/sans veilleuse. Avec/sans gigoteuse. Humidificateur, huiles essentielles, massage, homéopathie. Non, il ne dort pas. Se réveille toujours 3 à 6 fois par nuits.
On aborde l’idée d’un problème de reflux mais il est tellement positif et adorable en journée, sans avoir l’air de souffrir, que l’idée est balayée par son docteur.
On nous dit que c’est de notre faute, on l’a habitué à se rendormir au sein, il ne sait pas dormir seul, il faut lui apprendre. Alors on tente, le sevrage la nuit (on y parvient 1 mois lorsqu’il avait 10 mois), mais il tombe malade et je l’allaite à nouveau la nuit, annulant nos efforts. On tente que le papa le couche, se lève, me remplace. On ne gagne que des réveils plus longs, plus compliqués, plus difficiles.
On décide de faire avec. De temps en temps les nuits s’améliorent pour replonger.

 

1 an. Le temps est long, la fatigue s’accumule. Ça ne dort pas et même ça empire. Il se réveille en hurlant, il souffre. Les dents percent, alors on se dit qu’elles sont responsables.
Plus le temps passe et plus ses nuits se transforment en ce que la psychologue de la crèche appelle "troubles du sommeil".

 

13 mois, 14 mois, 15 mois. On guette le Graal, le changement qui ne vient pas. On décide de le mettre moins à la crèche pour alléger ses journées. On va voir l’homéopathe, l’ostéopathe, le kinésiologue. On met des pierres apaisantes sous son lit. On retire la barrière du lit. On dort avec lui, il dort avec nous. On tente tout et n’importe quoi pour qu’il dorme. rien n’y fait.
Il est tout le temps malade, les problèmes ORL s’enchaînent tout l’hiver, il dort super mal mais enchaine à côté les progrès niveau motricité, langage alors on met tout sur le compte des dents.
On se dit que c’est traumatique, psychologique. On lui parle de l’accouchement, de la grossesse, des premiers mois, de notre vie avant. Mais rien. Ça ne passe pas.

 

 

Ensuite, vient la bataille...

 

16 mois. On décide qu’il en est trop. Faisant confiance à mon instinct et en observant mon bébé, je reviens sur cette idée de reflux. De reflux interne, invisible.
Au début on ne me croit pas trop. Les médecins le trouvent très bien comme ça, il a une courbe de poids basse mais régulière. Il n’a pas pris un gramme depuis ses 1 an mais personne ne s’en inquiète.

 

Oh vous savez les allergies alimentaires c’est à la mode, donc rien ne dit qu’il est allergique au lait de vache après tout !

 

Ah bon, le fait qu’il vomisse et fasse une poussée d’eczéma dès que JE consomme le moindre produit laitier ce n’est pas un signe ?

 

Il ne mange pas, mais madame, arrêtez de lui donner du pain et de la banane, donnez lui des légumes plutôt !

 

Je me souviens de la tête de l’allergo-pédiatre de l’hopital de Nîmes lorsque je lui ai demandé si je devais utiliser un entonnoir pour lui faire avaler.

 

On va vous donner rendez-vous avec un diététicien qui vous expliquera comment nourrir votre enfant.

 

Oui car c’est pas comme si faisais des efforts après tout. Non tout ce que je fais c’est l’inclure dans la préparation des repas, lui montrer et lui expliquer le processus, lui proposer de gouter à chaque étape, préparer les repas sous plein de formes,  de présenter cru cuits à la vapeur sautés ou rotis, de rendre la nourriture appétissante, jolie, en forme de tracteur (véridique !), essayer de dissimuler, d’enrober, de paner, de manger en même temps que lui, la même chose que lui.

 

Il ne mange pas, mais arrêtez de l’allaiter, il mangera !

 

Ah. Ah. Ah. Si je ne l’allaitais pas, je pense que sa courbe de poids aurait sérieusement chuté, c’est la seule chose qui lui apporte, les mauvais jours (semaines) les nutriments qui lui permettent d’être en forme. C’est ce qui l’aide à cicatriser, à digérer, à assimiler les aliments. Et je devrais arrêter ? Ah. Ah. Ah.

 

Alors j’insiste, je me documente. Je découvre des groupes facebook de mamans d’enfants allergiques dans le même cas que moi et apprends énormément sur les allergies alimentaires.
Je vais voir les spécialistes. Qui ne nous considèrent pas.

Je fais marcher le réseau de mamans, de la Leche League, de mes médecins, pour trouver des spécialistes compétents et à l’écoute.
On me prend pour une folle, pour une mère sur-protectrice, une hallucinatrice.

 

Jusqu’au jour où enfin, une allergologue a dit ces deux phrases magiques :

 

- Oui, il a tous les signes d’un RGO interne. (Reflux Gastro Oesophagien invisible), je vais faire une lettre au médecin traitant pour qu’il le soigne.
– Oui, vous avez raison de l’allaiter. Je vous conseille de le faire le plus longtemps possible. Ca le protège et pour un enfant allergique, il n’y a rien de mieux.

 

Autant vous dire que cette allergologue est passée immédiatement dans mon palmarès des docteurs les plus cool de l’univers et que sans le gnocchi qui demandait mon attention (lançait les cubes à travers la pièce en essayant d’attraper des flacons d’allergènes du docteur) je l’aurai embrassée.

 

Ensuite, il a été traité, pour une œsophagite. Et il s’est mit à dormir. En journée d’abord.
On est passés d’une petite heure de sommeil par jour réparti en 2 siestes à 3h30 de sommeil par jour (1h le matin et 2h30 minimum l’après-midi).

 

 

Enfin, des résultats...

 

18 mois. Toujours aucun signe d’une nuit entière. Alors on continue les recherches, et je pense que le reflux est en parti du à des allergies alimentaires. Alors je débute des régimes d’éviction à partir de mes observations.
S’en suit une période difficile où on retire certains aliments, un par un. Tomate, chocolat, soja, certains légumes. J’ai toujours quelques séquelles psychologiques suite à certains de ces régimes (1 mois sans chocolat. J’AI DIT 1 MOIS !)
On teste le régime pauvre en histamine qui retire presque 80% des aliments du quotidien de notre alimentation pendant une semaine (ET TOUJOURS PAS DE CHOCOLAT)
Et suite à mes recherches, l’allergologue le teste sur une dizaine d’aliments douteux (qui ressortent presque tous positifs!)


19 mois. On teste les aliments douteux en faisant des évictions. Éviction banane et œufs, kiwi et épinards. Et là. Miracle. Il ne se réveille qu’une ou deux fois par nuit. Il se rendort parfois seul. Et surtout. Il ne hurle plus en se réveillant. Il ne crie plus en disant Aïe aïe aïe. (Et si vous avez suivi, je peux remanger du chocolat. On est passés à ->ça<- de la crise de nerf maternelle ^^)

 

On n’est pas surs d’avoir supprimé tous les aliments en cause, on a encore des doutes.

 

 

La guerre n’est pas gagnée mais la paix est en chemin...

 

Les nuits ne sont pas encore complètes, mais une mauvaise nuit c’est 2 réveils. Il y a 2 mois, une bonne nuit en comptait 3 minimum !

Ce que je sais c’est que j’aurais du faire confiance à mes instincts dès le début. En faisant confiance aux professionnels de santé, qui disaient qu’il n’avait pas l’air de souffrir, qu’il fallait lui apprendre à dormir, qu’il devait avoir un blocage psychologique, j’ai perdu une année. Une année pendant laquelle mon fils s’est réveillé 3 à 6 fois par nuits en hurlant de douleur. Brulé de l’intérieur.
Une année qui lui aura fait craindre de dormir, et aussi de manger.

 

Aujourd’hui, on répare. Il apprend à s’endormir seul. Il a encore peur de la nourriture mais je pense que ça passera, si on parvient à bien maintenir les évictions. On lui apprend à faire confiance à ce qu’on lui donne à manger. On lui apprend qu’il peut dormir sans avoir mal.


Que ce n’est pas normal d’avoir mal.

 

Et on découvre un enfant, car ne n’est plus un bébé. Un enfant posé, calme, reposé, de bonne humeur, coopératif et indépendant.

 

 

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